Octobre, ce mois en rose qui résonne comme un appel à la sensibilisation et à la lutte contre le cancer du sein.

Le cancer est une maladie qui touche des millions de personnes à travers le monde.
Les traitements contre la maladie impliquent de nombreuses conséquences néfastes pour les personnes atteintes. Dans ce contexte, l’activité physique se présente non seulement comme un outil de prévention contre cette maladie mais aussi comme un véritable allié pour celles qui vivent ou ont vécu cette épreuve. En France, 400 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués chaque année dont environ 59000 cas pour le cancer du sein.

L’objet de cet article est d’expliquer en quoi l’activité physique a un impact positif pour les personnes atteintes de cancer et de quelle façon il permet de diminuer les risques de récidives.
L’article n’a donc pas de fonction préventive (on ne peut anticiper une maladie imprévisible et multifactorielle) mais tend à expliquer en quoi le sport dans le cadre d’un traitement contre le cancer permet d’améliorer la qualité de vie des patients.

Qu’est-ce que le cancer ?

Imaginez votre corps comme une cité fortifiée… voyageons de façon tout à fait fortuite dans l’univers, que dis-je, le chef-d’œuvre de Tolkien, le Seigneur des Anneaux pour imager.
Nous sommes donc dans la cité de Minas Tirith (ça sonnait bien)… où siègent à l’intérieur de très nombreux habitants, imaginez ces habitants comme les cellules à l’intérieur de votre corps.

Chacun de ces habitants à un rôle précis : Construire pour certains, réparer pour d’autres mais aussi défendre la cité contre les forces du ténébreux Sauron…(comme les virus et les bactéries).

Et chacun de ces habitants a des spécificités en fonction du quartier où il habite (le quartier du système nerveux, respiratoire, digestif, uro-génital etc)

Dans cette cité, tout fonctionne normalement grâce à un commandement bien rodé : chaque cellule sait quand se diviser, quand s’arrêter et quand mourir.
Mais que se passe-t-il lorsque certaines cellules rebêles commencent à ignorer les règles du roi, en tentant un siège ?  

Notre cellule préférée aillant pour rôle de défendre
la cité… Le globule blanc Gandalf. !
Source Le seigneur des Anneaux, J.R.R Tolkien

C’est comme ça qu’intervient le cancer.
Les cellules cancéreuses, ce sont ces habitants rebêles qui se multiplient à l’infini, formant des tumeurs. Imaginez une construction qui s’étend de manière anarchique, bloquant les routes et perturbant le bon fonctionnement des quartiers (rappel : les systèmes)

Certaines de ces tumeurs restent localisées, tandis que d’autres peuvent se propager à d’autres quartiers : ce sont les métastases, c’est à dire un cancer qui s’est développé au-delà de son siège initial, mettant en danger l’équilibre de l’ensemble.

A gauche en vert : le cycle normal de vie et de mort d’une cellule
A droite en rouge : le cycle d’une cellule cancéreuse qui se multiplient à l’infini et n’assurent aucun rôle. L’amas de cellules cancéreuses est donc appelé un cancer
Source : https://www.fondation-arc.org/cancer/

Les différents traitements d’un cancer

Pour rappel, les causes du cancer sont variées et on ne peut prévenir l’un des principaux facteur : la génétique.
On peut toutefois adopter des habitudes de vie saines qui peuvent diminuer les risques environnement.

Les différents facteurs de risques sont par ordre d’importance sont donc :
Le contexte génétique que l’on ne maitrise pas et les facteurs environnementaux (tabac, alimentation, hygiène de vie, exposition à des agents carcinogènes etc).

Lorsqu’un cancer est détecté, les médecins peuvent adopter une ou plusieurs stratégies pour combattre le cancer en fonction de sa localisation, son avancée, le contexte clinique du patient :

 – la chirurgie
– la chimiothérapie
– l’hormonothérapie
– l’immunothérapie

L’image suivante résume le fonctionnement de ses interventions


Le site https://gpscancer.fr/ résume sur cette image ces différents types de traitement contre le cancer.

L’impact d’un traitement sur le corps

Maintenant que le contexte est posé et que nous comprenons ce qu’est le cancer et comment il est traité, nous pouvons aborder les conséquences du traitement pour comprendre comment l’activité physique peut aider dans l’amélioration de la qualité de vie du malade.


Qu’importe les procédés utilisés pour traiter le cancer, les impacts négatifs sur le corps et la vie des concernés sont légions :

1) Faiblesse du système immunitaire et fatigue généralisée
2) Prise ou perte de poids, modification du métabolisme (glucose, cholestérol)
3) Diminution de la densité osseuse et de la masse musculaire
4)Changement d’humeur, diminution de la libido, isolement social

Il y a encore bien d’autres effets connus que vous pouvez retrouver sur l’image ci-dessous

Quelques effets secondaires en lien avec la chimiothérapie.
Source http://www.elsan.care/fr


Nous aborderons principalement les 4 points évoqués précédemment.
D’abord car ils sont suffisamment important pour s’en préoccuper mais aussi parce que l’activité physique est en mesure d’apporter une régulation sur ces points contrairement à d’autres. (la chute de cheveux est inexorable par exemple pour une personne qui suivra plusieurs chimio)

Attention toutefois : il est essentiel pour les patients de communiquer avec leur médecin pour gérer les conséquences du traitement. En aucun cas l’activité physique n’est préconisé ici en tant que soin. Il en est de même pour les stratégies de changements alimentaires et du soutien psychologique qui peuvent être apportés par des professionnels de santé.

L’activité physique est à considérer comme un paramètre supplémentaire afin d’améliorer les symptômes liés à ces 4 points et de permettre, peut-être, une amélioration des effets néfastes du traitement.

Ce qu’apporte l’activité physique

Petite mise en lumière des apports de l’activité physique (AP) pour pallier aux effets négatifs des 4 points précédents.
En outre, de quelle façon l’activité physique peut permettre physiologiquement une amélioration des conséquences du traitement ?

1) De quelle façon l’AP renforce le système immunitaire ?

Lorsque nous faisons de l’exercice, notre circulation sanguine augmente et permet aux cellules immunitaires de se déplacer plus rapidement afin d’atteindre les zones aillant besoin d’un renfort.
 Ce dynamisme booste également la production de cytokines, des protéines qui régulent la réponse immunitaire.
Durant l’activité, il y a également augmentation des niveaux de cortisol (l’hormone du stress), favorisant une meilleure réponse immunitaire et pour finir une meilleure stimulation de notre microbiote intestinal, renforçant encore les défenses.

L’activité physique va donc créer un environnement moins favorable à la croissance tumorale grâce à l’activation du système immunitaire pars des biais circulatoires, hormonaux et métaboliques.

Schéma : Le système imminutaire, c’est quoi, c’est où ?
Disons que c’est l’Aragorn du corps humain… (je sentais que l’univers du seigneur des Anneaux commençait à manquer
)
Source : https://sante.journaldesfemmes.fr/

2) La gestion du poids

Lorsque nous faisons de l’exercice, notre corps utilise entre autre le glucose comme source d’énergie ce qui aide à réguler les niveaux de sucre dans le sang.
L’activité physique (AP) va aussi améliorer la sensibilité à l’insuline.

L’insuline est cruciale pour réguler le métabolisme et le stockage des nutriments. Lorsque nous sommes sensibles à l’insuline, nos cellules absorbent plus facilement le glucose, ce qui aide à maintenir des niveaux de sucre sanguin sains.
En revanche, une résistance à l’insuline, peut entraîner des niveaux élevés de glucose et d’insuline dans le sang. Cela crée un environnement propice à l’inflammation chronique.

Pour finir, une meilleure sensibilité à l’insuline aide à réguler les graisses corporelles. Lorsqu’on est en bonne santé métaboliquement, le corps est plus efficace pour brûler les graisses plutôt que de les stocker. Cela signifie que, grâce à l’exercice, nous ne favorisons pas seulement la perte de poids, mais nous créons également un milieu moins favorable au développement de cellules cancéreuses.

3) L’augmentation de la densité osseuse et de la masse musculaire

La diminution de la densité osseuse et de la masse musculaire sont des phénomènes souvent observés pour plusieurs raisons, citons principalement la dénutrition dont souffrent de nombreux patients (vomissement, nausée, difficulté à manger)… particulièrement lors de chimiothérapie ou d’hormonothérapie.
Lorsqu’une perte de poids est rapide, la masse musculaire est rapidement atteinte et le complexe ostéo musculaire se fragilise.

Lors d’une activité exerçant des contraintes mécaniques sur le corps (c’est-à-dire à peu près toutes), nous stimulons la formation de nouvelle cellules osseuses et favorisons une meilleure densité osseuse.
Cela se produit grâce à des mécanismes biologiques qui impliquent le stress mécanique exercé sur les os, incitant le corps à renforcer sa structure osseuse pour mieux résister aux contraintes.

Le même qui est crée sur les muscles lors de mouvements de renforcement musculaire contre résistance. En parallèle, l’exercice régulier aide à maintenir et à développer la masse musculaire. Lors des traitements, une perte de muscle peut survenir en raison de l’inactivité, des effets des médicaments et d’une difficulté à se nourrir. La musculation et les activités physiques permettent donc de contrer cette perte en favorisant la synthèse des protéines musculaires et en améliorant la fonction musculaire.

Rappel anatomique : Les muscles s’insèrent sur les os par l’intermédiaire des tendons.
Lorsqu’on manipule une charge, l’effet de levier entre l’articulation et la charge exerce une contrainte à la fois sur l’os, le(s) tendon(s) et le(s) muscle(s).
Le travail de renforcement musculaire avec charge contribue donc au renforcement de tout le complexe ostéo-musculo-tendineux
Crédit photo : Andrea Piacquadio https://www.piacquadio.com/


4)Améliorer l’humeur, augmenter la libido, et lutter contre isolement social

A nouveau ici, la circulation sanguine et les sécrétions hormonales vont jouer un rôle déterminant durant l’AP.

Lorsque nous faisons de l’exercice, notre corps libère des endorphines (leur petit nom c’est « les hormones du bonheur », un peu comme ce que provoquent les chants Elfiques à Fondcombe… OK ARRETEZ-MOI !)
Ces substances chimiques naturelles améliorent notre humeur et réduisent les sensations de stress et d’anxiété

Concernant la libido, l’activité physique stimule la circulation sanguine et libère des hormones qui peuvent renforcer le désir sexuel. En se sentant mieux dans leur corps grâce à l’exercice, les personnes peuvent retrouver une certaine confiance en elles.

Pour finir, il est évident que n’importe quelle activité qui permet au patient de s’évader, de rencontrer d’autres personnes autour d’un objectif commun permet de lutter contre l’isolement social. Et cela va aussi au-delà du sport.

Oui, il en va de même pour les 682h de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Se fait tout petit…

Alors quel sport pratiquer ?

On (vous ?) pourrait s’attendre à une partie riche en argumentation…
Et bien non.

Vous avez compris à ce stade les facteurs limitants de la maladie et en quoi l’AP peut-être bénéfique.
Vous pouvez pratiquer librement n’importe quelle activité, ou presque !

Par exemple, il est important que l’activité pratiquée ne provoque pas trop d’impact au sol, une intensité cardiovasculaire trop importante, une charge musculaire trop grande… afin de préserver l’intégrité physique et ne pas aggraver des symptômes.


La meilleure activité est celle que vous avez envie de faire.
Avec des personnes avec qui vous avez envie d’être.
Avec un encadrement bienveillant qui tient compte de vos symptômes.

Si vous me demandiez mon avis, j’orienterai vers des activités tels que le pilate, le renforcement musculaire ou des activités cardiovasculaires à base d’ergomètres telles que le rameur, le vélo elliptique combinés à d’autres exercices.
Ces choix pour des raisons qui me sont chères :
– la facilité d’adaptation des exercices
– les effets bénéfiques sur les os et le système musculaire
– la facilité pour gérer la progression de façon linéaire
– la possibilité de travailler en fonction des formats à la fois l’aspect cardiovasculaire, musculaire, et ludique sur une même séance.

Mais une fois de plus, rien n’empêche d’adapter du rugby, du handball, de la boxe…
Car c’est bien la définition de l’activité physique adaptée : prendre une discipline et la modifier de façon à ce qu’elle colle à un individu. Et pas l’inverse.

ET PAS L’INVERSE !!!!

Rappel important :
Cet article est rédigé par un coach sportif diplômé en Activité Physique Adaptée (APA)
Les seuls conseils apportés ici sont en lien avec mon domaine de connaissance : l’encadrement d’une d’une AP, l’encadrement d’une AP adaptée à une pathologie, la physiopathologie de base en lien avec l’AP.

Cet article a pour vocation de vulgariser des contenus afin de de développer des connaissances générales autour du cancer et de ses implications pour comprendre en quoi l’activité physique peut-être une aide. Aucun conseil médical n’est apporté et l’activité physique n’est pas évoqué en tant que remplacement à tout acte médical.

On est toujours mieux armé quand est sait.

Sources utilisées en plus des images :
– INCa (Institut National du Cancer) : https://www.e-cancer.fr/
– Santé publique France : https://www.santepubliquefrance.fr/
– « Le cancer : un défi à relever » Michel D. B. Béranger
– « Cancer du sein : rééducation, réadaptation , qualité de vie » Jean-Claude Ferrandez et Daniel Serin
– « La bible de la préparation physique » Didier Reiss et Pascal Prévost

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